Pierre musso - industrie

L’industrie, Centrale à Imaginaires

Pierre Musso donne, pour le très bon site abc penser, une interview sur l’industrie (vidéo ci-après).


Pour Pierre Musso, la clef de voute de la foi industrialiste est la notion de progrès. Le grand défi de l’industrie aujourd’hui est à la fois de produire, mais aussi de recycler, de réparer ce que les phases antérieures de mécanisation ont réalisé. Aujourd’hui, ce qui devient moteur de l’ensemble industriel, ce sont les industries de l’imaginaire (des logiciels, programmes, des contenus de l’intelligence et de la création). Il y a une fusion (confusion) entre les grandes centrales à imaginaires (Hollywood), productrices des imaginaires du monde (présession des fictions sur le réel – Baudrillard), et les industries du numérique (Silicon Valley), qui incarnent la connexion entre imaginaires et technocience.

Dans cette interview, Pierre Musso explique que cette connexion est également liée à la révolution managériale qui se développe à partir de la fin du XIème siècle, cette révolution silencieuse, sans révolutionnaires. C’est une évolution / restauration, est une révolution passive (Gramsci). La révolution managériale porte la doctrine de l’efficacité, largement portée par le monde de l’ingénierie et de l’industrie. C’est alors que ce monde va rencontrer celui de la cybernétique, qui est également une doctrine de l’efficacité. Cette rencontre va devenir le nouveau paradigme du monde industriel et du monde occidental, cette « religion industrielle » qui enserre notre vision du monde, qui se manifeste par exemple dans la gouvernance par les nombres (Supiot), de celle par les algorithmes, etc.

Comme à son habitude, Pierre Musso signe une interview très riche à retrouver ci-dessous. Si vous souhaitez découvrir plus en détails qui est Pierre Musso, voici son portrait réalisé par ce même site.

Saint-Simon (1760-1825) est l’inventeur du mot industrie et de l’expression « société industrielle ». Mais il y eut des révolutions industrielles avant lui. Au XIIIe siècle, avec les moulins, au XVIe siècle, avec la fabrique, au XVIIIe siècle, avec les manufactures. Puis apparurent les usines et maintenant les entreprises multinationales. En même temps que la révolution managériale, l’ordinateur s’est imposé. L’entreprise est devenue une institution de référence. Une centrale à imaginaire. Aux dépens des États. De façon définitive ?

https://abcpenser.com/notions/industrie

Le Smartphone est notre nouveau vêtement

En complément, une autre vidéo autour de la notion de « réseau » si chère à Pierre Musso (voir par exemple Critique des réseaux – PUF), et dont voici le résumé :

Aujourd’hui, tout est réseau. Ce que l’on prend pour une nouveauté n’est que la reprise d’une ancienne utopie technologique imaginée par les ingénieurs saint-simoniens au début du XIXe siècle. Mais il faut remonter encore plus loin afin de cerner la notion. Se faire géologue et exhumer toutes les couches de sédimentation qui ont favorisé son émergence. De l’antiquité à nos jours. Du côté de la médecine, de la philosophie, de l’ingénierie. Comment l’idéologie du réseau a fini par s’imposer ? Pierre Musso, dans un exposé magistral, lève le voile.

https://abcpenser.com/notions/reseau/